Shu Ha Ri

Le concept du shu ha ri est ancien et véhicule le processus d’apprentissage de la technique
d’un art.
II fut utilisé pour la première fois par Kawakami Fuhaku (1794-1855), fondateur de I’école
Senke, pour la voie du thé.

Shu, la première période de l’apprentissage peut se traduire par: Être avec le Maître
C’est l’époque de l’apprentissage des techniques, des katas, des
kumite conventionnels et de tous les principes de base qui régissent la pratique.
C’ est le stade élémentaire de la pratique et on dit que le pratiquant a l’esprit entravé (ushin )
C’est la période de la mécanisation des techniques

Ha, la deuxième période, se traduit par: Suivre le Maître
Ha signifie en japonais destruction.
Elle débute après une quinzaine d’année de pratique.
Durant cette période, il est rapporté qu’il faut briser les chaînes .
Mais de quelles chaînes s’agit-il ? Est-on prisonnier ? De quoi ? De qui ?
Le doute fait partie du parcours d’un karatéka.
Il est même nécessaire de s’interroger régulièrement pour continuer de progresser.
Que reste-t-il à apprendre ? À faire ? Suis-je (déjà !) à la fin d’un parcours ?
Ces questionnements, et les réflexions qui s’en suivent, arrivent alors que se termine la
période des compétitions, quand se font légèrement sentir les premiers stigmates de l’âge.
Il devient nécessaire de s’interroger sur sa pratique pour pouvoir continuer à progresser dans
le karate-dô.
De quoi sommes-nous prisonnier ?
Généralement, un parcours en karaté s’inscrit dans une progression et dans l’apprentissage de
formes techniques propres à une école : shôtôkan, shitô ryû, gôjû ryû, wadô ryû,
kyokushinkai…
Cet apprentissage est nécessaire.
Cependant, les formes techniques et les katas appris donnent-ils plus de liberté dans
l’utilisation du corps ou enferment-ils dans des schémas, des carcans, des normes?
Il est toujours intéressant de faire quelques stages dans des écoles différentes pour percevoir
ses propres capacités d’adaptation à un travail technique différent.
De qui sommes-nous prisonnier ?
L’admiration qu’un disciple porte à un enseignant, un maître, peut effectivement être
synonyme d’enfermement, de limitation à penser par soi même.
On est aussi prisonnier de ses certitudes, du confort acquis après une quinzaine d’années
d’entraînement.
Est-on prêt à tout remettre en cause, à briser des chaînes pour acquérir une nouvelle liberté
de penser et de bouger qu’il faudra défendre et justifier dans un système (école ou
fédération), devant ses élèves ?
La période Ha n’est qu’un passage entre Shu et Ri qui peut paraître simple, aisé ou évident
pour certains, il n’en demande pas moins plusieurs années, une certaine maturité, du courage
et de la persévérance, pour être réaliser.
C’est le début de l’intériorisation de l’étude par une sorte de destruction du modèle pour
chercher ce qu’il y a derrière le modèle.

Ri (Li), la troisième période se traduit par: Suivre son propre chemin.
Le terme Ri signifie, en japonais, s’écarter, s’éloigner.
L’esprit s’ouvre, s’affranchit des apparences.
Un nouvel espace de liberté de la pratique s’ouvre au pratiquant.
L’esprit devient mushin que nous pouvons traduire par stade ultime en opposition à ushin.
Mushin, c’est l’esprit sans entrave, la vacuité, la fluidité, le non-agir mais non-agir dans le sens
d’action se manifestant spontanément, naturellement !